Daido Moriyama

View from the Laboratory

Daido Moriyama

né en 1938 à Ikeda (Japon)

En 2008, Daido Moriyama se rend à Saint-Loup-de-Varennes, village aux abords de Chalon-sur-Saône. En 1827, Nicéphore Niépce, qui y possédait la petite propriété du Gras, y réalisa la première photographie fixée de l’histoire. Connue sous le titre de Point de vue du Gras, cette héliographie sur plaque d’étain a enregistré durant de nombreuses heures le paysage depuis la fenêtre donnant sur l’arrière de la maison. Saint-Loup-de-Varennes est le berceau de la photographie et la source de l’œuvre de Moriyama. 

En 1990, Daido Moriyama publiait déjà sa Lettre à St. Loup, missive fictive en hommage au lieu de naissance de la photographie et de son inventeur. L’ouvrage contient de nombreuses images devenues iconiques. Depuis, l’artiste n’a cessé d’être hanté par ce cliché originel. Dans sa chambre à Tokyo, il observe chaque jour une reproduction grand format encadrée. “Cette photographie me rappelle doucement, chaque jour, qu’il ne faut pas oublier les origines et l’essence de la photographie, et l’existence de l’ombre et de la lumière”, écrit Daido Moriyama dans View from the Laboratory (éd. Kawade Shobo Shinsha, Tokyo).Lire la suite

Arrivé à Saint-Loup-de-Varennes en 2008, il se poste à la fenêtre: un brusque voyage dans le temps. “Dès que je me suis retrouvé face à ce paysage, les images d’ombre et de lumière de la photographie iconique de Niépce ont commencé à se substituer au paysage réel devant mes yeux et, soudain, j’ai eu la sensation de voir à travers les yeux de Niépce.” Une projection dans le temps, que Daido Moriyama traduit dans les tirages: pour la première fois, il réalise des tirages (en édition limitée) au platine-palladium en référence aux procédés ancestraux.

Artiste adulé dans le monde pour ses images directes, immédiates, Daido Moriyama livre ici l’analyse intime d’une de ses références artistiques majeures dont il visite l’atelier, la maison, le village. Né au Japon en 1938, membre du mouvement Provoke, auteur de près de 200 livres, Daido Moriyama travaille la mémoire. Depuis le milieu des années 60, il arpente les routes et les villes, en quête d’images d’ailleurs ou d’un autre temps, comme s’il jouissait d’une mémoire antérieure.