Du 13 septembre au 26 octobre 2019
Polka Galerie

Edouard Elias

Memoriam

L’exposition "Memoriam" raconte la guerre telle qu’Edouard Elias l’a vécue, loin, très loin des poncifs de la photographie du genre et des images attendues. "J’ai voulu me concentrer sur des images qui n’intéressent pas l’AFP", explique-t-il. Des images exposées sur les murs de la galerie Polka sans unité de temps, de lieu ou d’action. Restent des sillons sur la peau, des mouvements de corps épuisés qui se confondent avec les pierres, des paysages faits de couvertures de survie, des carcasses de métal, des escaliers qui partent on ne sait où. Des scènes assourdissantes. Et des regards glacés.

"Olivier Voisin [photographe indépendant, décédé des suites de ses blessures après l’éclatement d’un obus, en février 2013, en Syrie] parlait souvent du moment de rupture. Cet instant où le regard disparaît, derrière la terreur ou l’épuisement, dans les tréfonds de l’âme. C’est ça qui m’intéresse." L’ombre du marine de Don McCullin, pétri é pendant la bataille de Hué, en 1968 plane sur cette expositions.

Edouard Elias poursuit : "J’accepte maintenant sans honte, sans peur du jugement, de faire une photographie qui représente ce que je ressens, tout en m’efforçant d’être le plus juste possible. Ce qui implique d’accepter de ne pas parler de tout, de ne pas tout montrer." A la recherche d’une sorte de langage qu’il veut croire universel, intemporel. "Pour ça, je dois me faire accepter jusqu’à disparaître, être le plus transparent possible. Devenir rien auprès de ceux qui agissent."

Une rencontre, surtout va jouer. Celle avec Fanny boucher, maître d’art spécialiste de l’héliogravure au grain. Un procédé délicat et ancestral de transfert d’image sur plaque de cuivre à l’acide, au travers de gélatine photosensible. C’est la technique qu’Edouard Elias a décidé de privilégier pour réaliser les épreuves de son exposition à la galerie Polka. L’encre, la matière, le papier, l’image-objet. Pour ne pas oublier que la photographie est un être vivant. Et un artisanat. "Je préfère passer du temps avec des tireurs, des graveurs, des forgerons, des ébénistes, des calligraphes, plutôt qu’avec des photographes."

Les images d’Edouard Elias sont les lignes d’un roman d’initiation monstrueux, in ni, métaphorique, où l’espace et le temps n’ont plus d’importance. C’est un travail d’un romantisme absolu, un conte mystique et métaphysique en même temps qu’un manifeste contre le conformisme de la photographie. Dans un monde de mort,voici le photographe le plus vivant de sa génération.

Contact presse : communication@polkagalerie.com