Du 17 septembre au 5 novembre 2021
Polka Galerie

Daido Moriyama

Speakeasy
  • © Gregory Copitet
  • © Gregory Copitet
  • © Gregory Copitet
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  • © Gregory Copitet

Polka est heureuse d’annoncer la nouvelle exposition de Daido Moriyama à la galerie. Huit ans après son cycle d’expositions consacré à l’artiste japonais, Polka propose « Speak Easy », un étrange lieu de culte où cohabitent des hommes, beaucoup de femmes, des êtres inanimés, des objets, des carreaux de salle de bains qui évoquent la résille d’un collant. Un trombinoscope en couleur et en noir et blanc dans Moriyamapolis.

« Speakeasy » de Daido Moriyama est un accrochage qui revisite une œuvre radicale, subtile et plus diverse qu’il n’y paraît. Un voyage dans les rues et les arrière-boutiques, de jour et beaucoup de nuit, à Tokyo ou ailleurs. La ville selon Daido n’a pas de frontières. C’est pourquoi, prison ou paradis, il est impossible de la quitter. Tout lui appartient. Tous les chemins mènent à elle, autoroutes ou tentaculaires voies de traverse.

« Moriyama dit ne s’être rendu compte que récemment qu’il avait photographié des villes toute sa vie. Construisant du même coup […] une cité unique géante inconsciemment sortie de son imagination », confie Simon Baker, qui est à l’origine de l’exposition « Moriyama - Tomatsu : Tokyo » à la Maison européenne de la photographie (jusqu’au 24 octobre).

En noir et blanc et en couleur, « Speakeasy » reprend, à travers les années, les coulisses de cette Moriyamapolis infinie, en permanence recomposée et augmentée par l’accumulation d’information. Une ville qui n’appartiendrait qu’à l’artiste japonais. « Ce que je sais, c’est que je me nourris de ce qui m’entoure et de cette “ville” avec laquelle j’entretiens une relation étrange, raconte Daido Moriyama. Mais je n’erre pas à la recherche de mon prochain sujet ; c’est lui qui me trouve. Je suis un objet passif devant un sujet actif. Même quand je suis immobile, la ville continue d’avancer, de vivre et de se transformer. Je me contente de photographier ce qui passe devant moi, sans jamais ressentir de satiété. »

On retrouve dans les jeux d’image de l’exposition des échos des expérimentations de Buñuel, mais aussi des compositions viscérales d’Eli Lotar aux abattoirs de la Villette qui ont obsédé Georges Bataille. Les carreaux des salles de bains finissent par ressembler à la résille d’un collant féminin. Les bouches pulpeuses flottent et se superposent au paysage. La nuit teintée de lumière noire, fil directeur de l’expérience urbaine, n’est qu’une pièce du puzzle, le versant éclairé d’un casse-tête lunaire.

« Je ressens juste le besoin de transmettre ce qui capte mon attention. J’ignore la raison de cette envie qui relève de mon fétichisme personnel. » Daido Moriyama