10 septembre - 29 octobre 2016
POLKA GALERIE

Matt Henry

The Trip

The Trip #18, 2015 © Matt Henry, Courtesy Polka Galerie.

« The Trip » est la première exposition du photographe Matt Henry présentée à la galerie Polka.

Fasciné par la politique et la culture américaine des années 60 et 70, Matt Henry s’intéresse au concept de « conte photographique ». Il imagine et fabrique un récit visuel en costume d’époque, conçu comme un roman photo et dresse le portrait d’une Amérique contestataire. La passion de Matt Henry pour les Etats-Unis commence dès son plus jeune âge, alors qu’il se fait livrer des VHS de films américains pour échapper à l’ennui de son petit village anglais. Ensuite, il y a les écrivains, Steinbeck, Faulkner puis les séries télévisées. « Ce grand mix de médias a provoqué en moi un tropisme américain. »

Entre 2007 et 2009, Matt Henry réalise sa première histoire photographique, « Burial Creek ». Très rapidement, il prend conscience de la force de l’image fixe : « Les séries photos, avec les vides entre deux vues, conservent une ambiguité que ne peut se permettre le cinéma. Mes fictions habitent cet entre-deux, entre moi qui raconte et celui qui regarde, auquel j’abandonne une part d’imagination. »

Avec la série « The Trip » (2015), exposée intégralement à la galerie Polka, le photographe anglais met en scène trois couples de sudistes qui vont embarquer dans un voyage psychédélique, guidés par le propriétaire illuminé d’une station-service, Acid James. Inspiré par ses propres expériences, Matt Henry veut montrer « ce monde parallèle, étranger à notre rationalité, où le processus de création loge dans des états de conscience modifiée ».

Mais « The Trip » n’est pas que psychédélique, c’est avant tout un voyage philosophique où le photographe nous replonge dans les années post-Vietnam, lorsque le changement individuel était perçu comme une solution aux atrocités de la guerre. Beaucoup d’Américains trouvèrent ainsi refuge dans la drogue, la méditation ou la spiritualité avec la conviction que leur propre exploration intérieure aurait un impact sur la société. « J’épingle la croyance consistant à penser qu’on peut changer le monde grâce à une pilule. Mais en même temps, cette illusion dit peut être la vérité. Après tout, ce que j’exprime dans la photo, avec son chromatisme saturé et son étrange féérie, c’est que, peut-être, l’illusion fait partie de la solution... » 

En parallèle de « The Trip », la galerie présente la série « The King » (2009), dans laquelle Matt Henry revisite l’omniprésence culturelle d’Elvis Presley et la persistance des aspects mythiques de sa personnalité, à travers la production de masse d’objets éphémères tels des miroirs, des jeux de cartes, des quotidiens datés du jour de sa mort, des enregistrements télévisés, des puzzles... Cette série explore la façon dont de simples objets suscitent la nostalgie, non seulement de l’artiste, mais aussi d’un monde utopique habité par l’idéal masculin du gentleman poli, bienveillant et viril. Ces objets ne sont plus uniquement des preuves de l’histoire et de la popularité du King, mais aussi des témoins d’une vie simple, pieuse et conservatrice qui a fini par disparaitre dans un monde de plus en plus complexe.