13 septembre - 30 octobre 2014
POLKA GALERIE

Act & ReenAct

ReenAct: Alexander Gronsky

Stalingrad, Volgograd, 2013

Deux photographes qu’à première vue tout oppose sont réunis à la galerie Polka :

Gilles Caron, célèbre photojournaliste dont la courte carrière (cinq ans) est aujourd’hui célébrée au Jeu de Paume de Tours.

Alexander Gronsky, jeune photographe estonien, connu pour ses réflexions sur les effets de l’environnement sur les populations locales.

Ces deux générations de photographes se retrouvent sur un même terrain, celui de la guerre.

L’exposition « Act / ReenAct » soulève la difficile problématique de la place de la photographie de guerre dans le monde de l’art. Peut-on considérer des documents d’information comme des objets d’art ? Un photojournaliste est-il un artiste ? Et, à l’opposé, dans quelle mesure un artiste peut-il photographier la reconstitution d’une scène historique pour en dénoncer le propos ?

En confrontant ces deux moyens d’expression, l’exposition « Act / ReenAct » explore la frontière entre reportage d’information et photographie d’art.

 

REENACT / Alexander Gronsky

« Reconstruction »  (2013), le dernier travail du photographe estonien, revisite la peinture guerrière russe. En photographiant des amateurs du genre lors de reconstitutions militaires,  Alexander Gronsky compose des triptyques de grandes batailles historiques, de la seconde guerre mondiale à l’invasion russe  en Afghanistan.

Chaque image est prise à un moment différent. Le photographe a la volonté de jouer sur le rapport espace – temps, son objectif étant de compresser l’action et la durée pour le résumer en une seule œuvre. Ces impressionnantes – et parfois violentes- recompositions dénoncent, à leurs manières, le rapport in fine  que la société entretient avec la guerre et les conflits. Ni le photographe, ni les militaires amateurs, ni les touristes qui observent cette reconstitution, n’ont connu un vrai champ de bataille en action. En revanche, tous ont vu des films ou des jeux vidéo qui ont influencé leur sentiment sur ces faits tristement réels.

Alexander Gronsky veut mettre en exergue cette transition du propos où, à force de trop d’intermédiaire, la réalité est métamorphosée jusqu’à enthousiasmer un touriste devant la reconstitution d’une scène de guerre meurtrière… Finalement, dans pratiquement tous les cas, seul le paysage que Gronsky photographie en arrière plan, toujours couvert de neige comme souvent dans son travail, sait exactement ce qui s’est passé ce jour-là… Ce paysage, seul garant de notre mémoire collective.