9 janvier - 27 février 2016
POLKA GALERIE

FRANÇOISE HUGUIER | TOSHIO SHIBATA

JARDINS INTIMES

TOSHIO SHIBATA

Color - Contacts

Depuis 2004, Toshio Shibata s’est tourné de la photographie en noir et blanc à la ­couleur pour tenter de définir un nouveau langage. En adoptant des principes proches d’un cubisme analytique, il recrée des images aplaties et accentue la difficulté de ­perception de l’espace. Il en résulte des œuvres moins abstraites par leur forme que par une ­distance entre le sujet et l’auteur, impassible.

 

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FRANÇOISE HUGUIER

Jardins intimes

 

Chez Françoise


“C’est pas très compliqué: Tout ce dont tu ne veux pas dans l’image, tu le mets dehors.” Ainsi parle Françoise Huguier quand on lui demande de résumer sa méthode. Une façon de cadrer qui congédie tout ce qu’elle ne peut pas encadrer. Faire le vide. Comme on
le dit lorsqu’on se prépare à une méditation.
Ses photographies dépouillées d’inutilités se remplissent alors d’un fourmillement de présences: des visages, des corps, des paysages, des caractères, des draperies, des coloris, la dynamique des ombres et des lumières.
Mais elles sont tout autant pleines de ce qu’on n’y voit pas: Afrique fantôme, Sibérie brumeuse, Cambodge spectral. Les lueurs d’un autre monde, clandestin, parallèle, mais qui pourtant est notre bien commun.
Dans les cadrages de Françoise Huguier, le In est toujours Out.
Randonner dans ses images, c’est marcher à leurs côtés comme on se promène au bras d’une amie, insouciant, rieur et cependant à l’affût des moindres choses surgies de l’univers et qui exhaussent la vie. Tu as vu? Quoi? Trop tard, il a filé!
Les photographies de Françoise Huguier sont à la fois singulières et familières. Elles nous mettent hors de nous, par une sorte de privilège éphémère où l’on assiste brusquement à sa propre absence. Mais cette abstraction, comme dans la peinture moderne, ne parle que de nos existences lorsque vient le rêve que l’on pourrait vivre et agir autrement. Appel d’air, appel de fiction. Au bord de la Baltique, sur les rives du Niger, face au Pacifique.
“Chez Françoise” pourrait être le nom d’une crêperie bretonne, d’un bazar zoulou, d’un karaoké coréen, ou d’un bordel. Bienvenue chez vous.


Gérard Lefort