Kosuke Okahara est né en 1980 à Tokyo. Après avoir pratiqué un temps le ski acroba- tique de niveau international, il rejoint l’université Waseda ou il étudie la pédagogie. Cette formation achevée il se lance dans une carrière de photojournaliste ou il alterne dès le départ reportages d’actualité et projets à long terme. > Lire la suite
Des débuts qui le mènent au Soudan (2004), en Birmanie (2007) puis en Chine (2007 également) ainsi qu’en Colombie (2006) pour le premier voyage d’un projet qu’il est seulement sur le point de clore aujourd’hui.
Parallèlement il commence à partir de 2004 «Ibasyo» un essai photographique à long terme sur les automutilations d’adolescentes au Japon. Allant à l’encontre d’un socié- té qui feint d’ignorer un phénomène qu’elle juge honteux Kosuke Okahara s‘engage avec passion dans ce sujet. Il endosse progressivement les rôles de photographe, d’ami proche, de témoin voire de secouriste. Sortant les patientes de l’anonymat «Ibasyo» brise un véritable tabou dans la société japonaise et apparaît comme exemplaire de l’approche éthique et esthétique de son œuvre.
L’ensemble de ses travaux, très ancrés dans la tradition du photojournalisme huma- niste, rencontre le soutien des institutions les plus prestigieuses.
Un temps membre de l’Agence VU’ Kosuke Okahara sera successivement lauréat de PDN’s 30 (New York 2009), Joop Swart Masterclass du World Press Photo (Amsterdam 2009), Eugene Smith Fellowship (New York 2010) , Getty Images Grants (Perpignan 2012) et Prix Pierre & Alexandra Boulat (Perpignan 2014)
Des soutiens essentiels quand on prend en compte la somme impressionnante de voyages qu’il effectue sur certains de ses projets tels que la Colombie ou il enchaîne depuis 2007 des enquêtes qui le portent jusqu’au Mexique et aux Etats-Unis. Drogue, violence sociale, migrations s’additionnent dans un récit photographique qu’il veut tou- jours plus exhaustif. Avec, à l’arrivée, un descriptif à là fois factuel et poétique dans lequel la photographie est à la fois preuve et énigme.
D’autres enjeux d’actualité nourrissent sa photographie, les révoltes arabes ou le chaos en périphérie de la Russie par exemple. On peut aussi citer Calais en 2008 ou la perma- nence des problématiques migratoires est déjà criante.
Enfin depuis l’accident nucléaire de Fukushima en 2011 il documente la région sinis- trée avec une attention particulière aux marques du temps. A nouveau on observe une addition de faits très précis et d’images plus énigmatiques. En reste le sentiment d’un chaos immobile et d’abandon progressif. Ce travail fait aujourd’hui l’objet d’un livre, « Fukushima Fragments » publié aux éditions de La Martinière.
Thomas Doubliez