Marc Riboud

Angkor

Marc Riboud

né en 1923 à Lyon (France) - mort en 2016 à Paris (France)

«Les visages de pierre me regardent mais les bonzes m'ignorent. J'aime le romantisme de la forêt et des racines qui se répandent comme une marée impitoyable sur les temples écroulés. Il n'y a pas de meilleure définition de Ta Prohm et de Tà Som, semblables à des cathédrales englouties.
 Il faut errer dans ce monde sous-marin de lianes suspendues, de racines démentes aux formes de pieuvres et de serpents, plongé dans l'immense solitude du temps, pour comprendre comment faillirent disparaître à jamais les trésors de toute une civilisation.» Lire la suite

Marc Riboud s’est rendu à cinq reprises à Angkor entre 1968 et 1990. Il photographie ce lieu mythique en 1968-1969 avant le renversement du prince Sihanouk et l’extension de la guerre du Vietnam, puis en 1981 après la défaite des Khmers rouges et enfin en 1990. Les clichés ramenés du Cambodge sont une véritable invitation au voyage et un portrait en négatif d’un photographe globe-trotteur animé par le goût de la beauté des corps et de la nature.

Dans cette série, Marc Riboud présente un univers étrange et fascinant où nature et culture ne font qu’un: les temples d’Angkor Vat semblent liés à tout jamais à cette végétation luxuriante qui parait à la fois soutenir et déformer ces édifices millénaires chargés de mystère. Dans ce paysage minéral et végétal, le photographe n’hésite pas à faire la part belle au peuple cambodgien: il immortalise la grâce d’un geste, la finesse d’une silhouette, sonde la profondeur d’une âme dans le visage d’un adolescent en pleine méditation, mais saisit également la beauté d’une forêt sauvage et la grâce d’une apsara de pierre qui observe dans ce dédale mystique.

Angkor, sérénité bouddhique, parue à l'Imprimerie Nationale en 1992, est un florilège de ces photographies qui nous entraînent, selon Chantal Colleu-Dumond dans « une irrésistible et souveraine plongée, au-delà du visible ».