Sans aucun trucage, avec une imagination surprenante et surtout un culot déroutant, le créateur devient ce cascadeur enfantin qui balade ses super-héros au-dessus des villes, au-dessus du monde. Sur les toits des immeubles. Au sommet d’architectures de métal, d’argile, de pisé. Dans le désert du Sahara. A l’ombre des Iceberg de Disko Bay. En Chine, en Russie, au Japon, au Mali. Dans les galaxies mexicaines de Luis Barragán. Sous les sabots des chevaux du Grand Palais et des aigles de l’Opéra Garnier à Paris. Sur les cimes Art déco du Chrysler Building à New York.

Loin du reportage ou de la photo de voyage, écrit la journaliste Marie Colmant “Mugler est, dans cette aventure, le photographe mais aussi le metteur en scène, celui qui tient tout sur ses épaules. Celui qui a l’image idéale dans la tête et qui ne mettra un terme à cette quête qu’une fois l’image dans la boîte.”

Helmut Newton, qu’il admire (“J’adorais son sens du cadrage, son œil, la force et la violence de ses photos, cette provoc’ chic et graphique”) et dont il s’offre les services en 1978 pour une campagne de la Maison Mugler, l’apprendra à ses dépends. Mugler, homme de théâtre et de spectacle, ne résiste pas à lui souffler quelques suggestions de mise en scène... Newton finira par lui proposer de prendre lui même l’appareil en main. Mugler le designer, devient alors Mugler le photographe, aux frontières de l’art, de la publicité et de la science-fiction

“Ma patte, c’est un point de vue poétique sur une réalité qui peut être banale, c’est le contraste, le vertige, comme disait Amélie Nothomb, mais c’est toujours vrai. Le rêve au coin de la rue.” Ce rêve, cette patte du futur, qui continue d’inspirer les artistes du monde entier, de David Bowie à Lady Gaga en passant par Beyoncé, se raconte ici dans un lumineux carnet de voyage architectonique.