Sebastião Salgado

Amazônia

Sebastião Salgado

né en 1944 à Aimorés (Brésil)

Le reportage de Sebastião Salgado en Amazonie débute en 1986. Ce premier contact avec le peuple Yanomami, l’un des plus grands groupes ethniques du Brésil, à la frontière avec le Venezuela, aura un rôle capital dans son travail. Par delà la frontière de la langue et les coutumes, un langage commun s’est progressivement établi, celui des émotions : « J’étais comme chez moi, dans ma propre tribu, celle des êtres humains, celle où tous les systèmes logiques et rationnels se mêlent les uns aux autres, aux miens, à ceux de l’Homo Sapiens ». Lire la suite

Dès lors, le photographe franco-brésilien retournera sans cesse en Amazonie, à la rencontre de peuples et de traditions menacés de disparition. Dans un territoire qui fait plus de 8 fois la France, 370 000 Indiens subsistent encore (quand cette population était estimée à 5 millions au XVI eme siècle, lors de la conquête du Brésil) répartis en 188 groupes, parlant 150 langues différentes. Et on estime que 114 groupes n’ont jamais été contactés à ce jour.

Grâce au soutien précieux de la FUNAI (Fondation nationale de l’Indien), Sebastião Salgado a organisé, durant ces dix dernières années, des expéditions à faire pâlir d’envie Levi-Strauss : traducteurs, cuisiniers, guide de haute montagne mais aussi scientifiques (ethnologues, linguistes, anthropologues) l’ont accompagné à la rencontre des peuples isolés au cœur du poumon de la planète. Les Macuxi, les Zoé, les Korubo, les Waura, les Yawanawa… En tout plus d’une douzaine de communautés dont il a partagé la vie quotidienne.

Pour l’exposition à la galerie Polka, Sebastião Salgado a souhaité partager un peu de ce quotidien avec les visiteurs : le studio photo installé lors de plusieurs voyages en 2018 est une invitation à vivre au cœur des images.

Si l’Amazonie fascine Sebastião Salgado, ce n’est pas pour son côté sombre –incendies volontaires, déforestation, empoisonnement des sols et rivières par les orpailleurs et autres trafics en tout genre- mais pour sa beauté inégalée, majestueuse qu’il est encore temps de sauver si le monde se mobilise. Salgado nous offre des vues aériennes, spectaculaires et inédites, de la canopée amazonienne, des montagnes qui la dominent et de ces rivières aériennes qui charrient des millions de mètres cubes d’eau, davantage encore que le fleuve Amazone.

Ses images donnent le vertige. Et nous éclairent. Elles nous font prendre conscience de la force et de la fragilité de ce que le photographe appelle la Dernière Frontière  : « Un univers mystérieux dans lequel la puissance de la nature est ressentie comme nulle part ailleurs sur Terre. Ici s’étale à l’infini la forêt qui abrite un dixième de toutes les espèces animales et végétales. Le plus grand laboratoire naturel au monde. »